Pour sa première exposition parisienne, Jacqueline Mesmaeker redonne vie à une de ses œuvres capitales, Stèle 29 x 29 x 165 (1989). Comment la qualifier ? Sculpture spectrale ? Anti-monument ? Sans doute faut-il d’abord revenir au rituel qui la fonde. Ce furent une série de gestes autour d’un chandelier : son empreinte sur une longue planche noire photosensible, réalisée à la lumière d’une bougie selon la technique du photogramme ; son coulage dans un parallélépipède de béton de 29 x 29 x 165 cm (la hauteur de l’artiste) ; et enfin cinq gammagraphies de la stèle ainsi produite, faisant réapparaître le candélabre noyé dans la masse. Trois étapes donnant naissance à trois objets, présentés tels quels lors de leur première exposition. Mais comme souvent chez Jacqueline Mesmaeker, les œuvres ont leur vie, se déploient et se transforment dans l’espace comme dans le temps, et à l’extrême pointe du processus (qui n’est jamais un terme), la stèle en béton n’est plus, et la planche photogramme est désormais recouverte de toile, comme embaumée. Le chandelier a deux fois disparu, sous la matière d’abord, corps et biens ensuite, pourtant sa lumière est préservée et comme magnifiée, prise dans un réseau de souvenirs, de reflets et de rayons gamma.